Apprendre à prier avec le Fils – La prière païenne (2)

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Comment prier pour être entendu et agréé par Dieu? Comment s’assurer qu’il prenne à cœur nos besoins? Existerait-il une méthode de prière pouvant nous donner une telle assurance?

Précédemment, dans « Apprendre à prier avec le Fils »

C’est aux pieds du Dieu incarné, Jésus-Christ, que nous avons débuté notre apprentissage de la prière. Dans le passage précédent, Jésus a commencé par dénoncer la prière hypocrite: une prière qui ne parle pas sincèrement à Dieu, mais qui veut briller devant les hommes.

Au programme de cet article

Dans le passage qui suit, Jésus nous donne un deuxième exemple à ne pas suivre: la prière païenne, qui ne connaît pas Dieu et ne sait pas ce qui lui plaît.

Par ce contre-exemple, Jésus veut nous enseigner "comment prier" afin d’être sûr que Dieu nous écoute et nous réponde. Nous verrons qu’il n’existe qu’une seule réelle assurance: que Dieu soit notre Père en Jésus-Christ.

La prière du païen qui ne connaît pas Dieu

Nous devons prier avec sincérité, mais est-ce suffisant? Comment prier d’une façon qui plaît à Dieu et qu’il agréé?

Cette question est cruciale pour au moins deux raisons:

Là encore, demandons l’aide d’un spécialiste (autoproclamé): Paul Adrien, dit "pa-ien" pour les intimes. C’est un homme sincère, soucieux d’être agréé par Dieu et qui s’est appliqué à développer toutes sortes de méthodes de prière. Les voici!

Beaucoup de ces pratiques ne sont pas mauvaises en soi. Mais permettent-elles de gagner l’approbation de Dieu? Qu’en pense Jésus?

Jésus condamne la prière païenne et nous dit de ne pas leur "ressembler".

En effet, les "païens", par définition, sont ceux qui ne sont pas de la famille de Dieu, mais qui adorent un dieu de leur imagination (une idole), inventant tout et n’importe quoi pour essayer de lui plaire. Ils ne connaissent manifestement pas celui que Jésus appelle son Père, ni ce qui lui plaît vraiment, et ça se voit!

Jésus critique surtout les vaines paroles qu’ils multiplient. On ne sait pas vraiment à quoi cela fait référence. Était-ce de simples répétitions? Ou bien des incantations à répéter, comme les noms de Dieu ou des formules magiques? En tout cas, le problème n’est pas dans la répétition en soi, car Jésus a lui-même enseigné qu’il faut "toujours prier et ne pas se lasser" (Lc 18.1). La persévérance et l’insistance sont légitimes.

Là encore, comme pour la prière hypocrite, c’est plutôt leur état d’esprit que Jésus critique.

Il pointe deux principaux problèmes:

1. "À force… ils seront exaucés"

Ils essayent de forcer Dieu à répondre à leur demande. Ils sont persuadés qu’ils peuvent lui tordre la main pour l’obliger à les écouter et à leur répondre favorablement. Ils désirent faire de lui une sorte de distributeur automatique dans lequel il suffit de mettre la bonne pièce (la bonne prière) pour obtenir ce qu’on veut.

Mais c’est une erreur, car Dieu décide toujours souverainement ce qu’il donne. On ne peut le forcer par aucune méthode. D’ailleurs, tant mieux, parce que parfois, on demande n’importe quoi, et Dieu n’est pas un Père inconscient qui dira "oui" à tous nos caprices!

2. Ils "s’imaginent"

Ils inventent eux-mêmes leurs propres méthodes pour attirer l’attention de Dieu en se disant: “Ça oui, c’est sûr, ça va lui plaire!”, alors qu’en fait, ils n’en savent rien. C’est voué à l’échec. On ne décide pas pour les autres de ce qui a de la valeur pour eux:

Seul Dieu peut nous dire ce qui lui plaît et décider des moyens qui nous rendent dignes de lui présenter nos prières.

Cette façon de prier est donc "vaine", elle ne donnera aucun résultat.

Notre seul argument: prier un Père grâce à Jésus

Comment faire alors pour s’assurer que Dieu connaisse et s’occupe de nos besoins? Que nous propose de faire Jésus?

Jésus nous propose… rien. Aucune technique de prière infaillible.

À la place, Jésus sous-entend qu’il ne faut pas être angoissé comme les païens qui pensent que Dieu ne les a pas entendus, car Dieu est déjà au courant. Dieu sait "avant", il sait "déjà". On n’a donc rien à faire pour l’informer. Il ne va ni nous oublier, ni nous ignorer, ni mal comprendre. Dieu sait exactement nos besoins et même mieux que nous! (Mais quel est alors l’intérêt de prier? Réponse dans le dernier paragraphe.)

Dieu sait nos besoins, d’accord, mais ça ne m’assure pas qu’il va s’en occuper! Que dois-je faire pour cela?

Eh bien… toujours rien. Pas besoin de le convaincre ou d’essayer de lui forcer la main en priant, il nous est déjà favorable!

Ah bon? Où Jésus dit-il cela?

Jésus appelle Dieu: “Notre Père!”

C’était déjà le cas dans le texte précédent et ce sera aussi le cas dans le suivant.

Ce n’est donc pas un petit détail, mais l’idée centrale de ce texte. L’unique raison qui fait que Dieu nous est favorable, répond à nos prières et prend soin de nous, c’est qu’il a fait de nous ses enfants. Rien de plus.



Mais dans quel sens est-il notre père? Est-il le Père de tous?

La Bible parle rarement de Dieu comme Père de l’humanité en tant que créateur. Au contraire, depuis leur rébellion, les hommes font le mal et montrent plutôt ainsi qu’ils sont des enfants du diable (Jn 8.44). Des fils de la rébellion voués par nature, non à l’amour, mais à la colère de Dieu (Ép 2.3).

Nous sommes totalement indignes de le prier. On comprend alors mieux l’inefficacité et la folie de la prière païenne.

Alors comment?

C’est en tant que Père d’adoption que Dieu peut être appelé "notre Père". Dieu a envoyé son Fils parfait, Jésus-Christ, pour arracher des hommes aux griffes du diable et restaurer la relation en faisant d’eux des membres de sa famille:

Pour cela, Jésus a effacé ce qui nous séparait de Dieu en mourant pour nos fautes, et par la puissance de l’Esprit de Dieu, il est ressuscité, victorieux sur la mort et sur notre ancien père Satan. Tous ceux qui ont foi en lui reçoivent alors son Ésprit, preuve qu’ils sont ses frères d’adoption:

Jésus partage sa relation intime avec son Père à tous ceux qui s’attachent à lui. Il est notre seul moyen d’accès à Dieu et c’est grâce à lui que le Père écoute nos prières et s’intéresse à nos besoins. C’est d’ailleurs pour cela que Jésus dit à ses disciples:

Il peut se permettre de dire cela, car il en a payé le prix de sa propre vie.


Pourquoi prier si Dieu connaît déjà nos besoins?

Si Dieu sait déjà à l’avance ce dont on a besoin et ce qu’on va demander, s’il s’en occupe déjà, à quoi sert la prière? Ne manifesterait-on pas mieux notre confiance en se taisant?

1. La prière est un cadeau

Oui, on n’apprend rien à Dieu par nos prières et il n’en a pas besoin. Pourtant, Jésus s’attend à ce qu’on prie, il l’ordonne même.

Mais alors, si la prière n’est pas pour Dieu, pour qui peut-elle être?

La prière est pour nous! Ce n’est pas nous qui donnons des prières à Dieu, c’est lui qui nous offre l’occasion de lui parler! Il nous a fait le privilège de s’adresser à nous par l’écriture et de pouvoir ensuite lui répondre en priant. C’est un magnifique cadeau de sa part (dont nous serions fous de nous priver).

Dieu s’offre à nous dans la prière, elle est donc relationnelle avant tout. Un enfant parle-t-il uniquement à ses parents pour satisfaire ses besoins? Bien-sûr que non, il leur parle aussi pour la relation en elle-même.

Bien qu’il sache qu’ils prendront soin de lui sans qu’il leur demande, il leur confie ses peurs, ses besoins et se blottit dans leurs bras pour être apaisé.

Dieu est notre Père, pas un prestataire de service. On a l’honneur de développer une relation véritable avec lui dans la prière: lui parler, chercher sa tendresse, goûter son amour, lui confier notre vie: nos peines, nos joies, nos défis. La prière, c’est avant tout chercher Dieu lui-même, l’admirer, y trouver de la joie, et amener cette joie à sa pleine consommation dans la louange.

2. La prière est réellement efficace

Même si Dieu sait déjà nos besoins, cela n’empêche pas un réel lien de cause à effet entre nos prières et ce que Dieu nous donne! Ainsi, la prière est réellement efficace et fait la différence. Voyez d’ailleurs ce passage de l’épître de Jacques:

Dieu conserve volontairement ce lien. Il retient parfois ses bienfaits, attendant qu’on lui demande pour nous donner. Il nous encourage alors à prier par sa parole (1) et en suscite le désir en nous par son Esprit (2). Nous prions donc (3), et il y répond finalement avec grande générosité (4). Dieu tend à conserver les liens de causalité dans sa façon d’agir et sa souveraineté imprègne toutes les étapes de ce processus.

3. La prière nous façonne

Comprenez que si notre Père n’agissait pas ainsi, les enfants orgueilleux et ingrats que nous sommes aurions tendance à oublier que tous bienfaits nous viennent de lui. Recevoir tout ce qu’il nous faut sans avoir à le demander nous laisserait croire au mensonge de notre propre suffisance.

Mais en rendant la prière nécessaire, Dieu souligne notre nature dépendante, et en répondant ensuite à celles-ci, la rendant efficace, il met clairement en évidence ses soins paternels et sa fidélité. Sa générosité, qui apparaît dans l’accomplissement des prières, lui permet donc d’éduquer ses enfants en leur apprenant à lui faire confiance (il en est digne!) et surtout à être reconnaissant.

Finalement, Dieu nous façonne aussi par l’acte de prière en lui-même. Celui-ci est l’expression de notre dépendance à Dieu, de notre soumission et de notre foi, et en les exprimant, ces choses ont tendance à s’affermir en nous. Ainsi le fait de prier nous transforme.

Prions donc, car c’est "un moyen de grâce" qu’il utilise pour prendre soin de nous et nous édifier.

Et il y a sûrement bien d’autres raisons encore…

C’est quoi la suite?

Savoir que le roi des cieux est notre Père change l’état d’esprit avec lequel on prie, ainsi que la forme et le contenu de nos prières. Si tu désires en savoir plus, retrouve-nous dans le prochain article où Jésus nous montrera à quoi ressemblent les premiers mots d’une prière adressée à notre Père qui est aux cieux.


Note de l’éditeur: Rendez-vous chaque jeudi pour un nouvel article de cette série!

Dans la série "Apprendre à prier avec le Fils"

  1. La prière hypocrite
  2. La prière païenne
  3. Lever les yeux vers le Père
  4. Sur les épaules du Père
  5. Tenir la main du Père

Florian Vincenzi

Florian est marié à Sophie. D’abord maître d’école, puis ingénieur pédagogique, il a développé des formations pour des entreprises avant de se consacrer à plein temps à des études de théologie à la Faculté Jean-Calvin. Grâce à un parcours flexible et adapté, il combine cours à distance et implication dans son Église locale, où il enseigne et prêche. Passionné par l’enseignement biblique, Florian poursuit sa deuxième année d'études pour approfondir sa compréhension des Écritures et mieux servir l’Église.

Ressources similaires

webinaire

La prière: retrouver le plaisir de parler à notre Père

Découvre le replay du webinaire de Romain T. sur la prière, enregistré le 09 juin 2022.

Orateurs

R. T.