La tyrannie du bonheur, une doctrine païenne, comme chrétienne

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Depuis les années 2000, les pays et les entreprises ont progressivement développé des outils pour mesurer le "bonheur" des gens.

On a pris en compte des critères comme le système politique, le système social, le chômage, la qualité de vie, le développement urbain et d’autres encore. Vous avez peut-être pu voir sur internet des coachs qui foisonnent par centaines (milliers?) et qui promettent amour, gloire et beauté dans tout ce que vous allez entreprendre. Il suffit simplement de penser positivement, de suivre cette formation et de fournir des efforts. Notre monde a progressivement fait un amalgame entre la réussite et le bonheur. En tant que chrétien, nous devons nous interroger sur cette relation et sur ce que dit la Bible de cette recherche du bonheur.

Le bonheur à la sauce « individuelle »

Ces dernières décennies ont vu émerger le néolibéralisme et la psychologie positive. Cela a eu pour conséquence de concentrer l’attention de l’individu sur lui-même et sur ses responsabilités.

C’est le mouvement qui s’est mis en opposition face aux sociologies de masse qui avaient émergé au XXᵉ siècle, avec un déterminisme collectif très important, voire total.

Bref, nous voilà désormais avec une anthropologie extrêmement individualiste, dont l’objectif est de libérer l’individu des éléments extérieurs à lui-même: culture, éducation, catégorie socio-professionnelle et j’en passe. C’est également au travers de ce courant que se sont développées les réflexions autour de la productivité ou de l’optimisation des temps de travail.

Cela a créé le travers suivant: si vous n’arrivez pas à être productif, si vous êtes pauvre ou si vous ressentez des émotions « négatives », alors vous êtes en échec. Vous en êtes le seul responsable: vous méritez ce qui vous arrive puisqu’il ne tient qu’à vous d’être plus productif, d’avoir de la joie dans le cœur et d’être optimiste en toute circonstance!

Le bonheur à la sauce « collective »

Un autre courant a émergé, notamment au travers des neurosciences et des éléments observables des groupes sociaux. Des personnes avec un environnement social agréable et entouré par des personnes de confiance ont un meilleur moral, une vision plus optimiste de la vie, une meilleure espérance de vie, elles sont moins malades et moins sujettes à des addictions.

Prendre soin des autres et être généreux stimule également certains neurotransmetteurs qui ont des effets extrêmement favorables sur notre humeur et sur notre santé. Pourquoi donc s’en priver?

Ce courant parie sur la solidarité, sur la transmission intergénérationnelle et sur le lien social. L’Uruguay a d’ailleurs inscrit cette notion de solidarité bienveillante dans sa constitution, l’estimant comme un besoin fondamental.

Le bonheur terrestre n’est pas ce que l’on croit

Prenons les deux éléments qui sont en opposition aujourd’hui.

Dans le premier, nous pouvons reconnaître qu’il est utile que chacun prenne ses responsabilités et que personne ne se complaise dans le victimisme: assume ce que tu es, tu es le fruit de ce que tu fais. Le fait de se dégager des autres et de notre environnement a quelque chose de positif pour nos vies.

Dans le second, nous pouvons reconnaître que notre fonctionnement physiologique est en phase avec cela. Nous avons été créés pour vivre d’une manière communautaire. Nous avons besoin d’avoir des personnes à nos côtés pour nous épanouir, tant d’une manière biologique que sociale.

Mais vous comprendrez rapidement que cela ne peut pas être suffisant. La Bible nous parle de l’un comme de l’autre, et beaucoup d’êtres humains sur terre peuvent vivre les deux, peut-être même au quotidien. Cependant, cela ne les empêchera pas, au jour du jugement, de recevoir le prix de leur péché.

Les deux points énoncés plus haut font partie de la grâce commune de Dieu. Il restreint volontairement l’influence du péché et garde l’humanité d’une forme de tragédie complète, notamment au travers de certaines formes de plaisir et de joie provenant de notre fonctionnement. Cependant, il ne faudrait pas considérer ces choses comme des objectifs à atteindre ou comme des récompenses pour nos œuvres.

Le bonheur biblique se trouve dans la Parole

La Bible parle du fait d’être heureux, d’avoir de la joie ou du bonheur. Elle mentionne cet état dans énormément de livres comme Proverbes, Psaumes, Luc, Jean, 1 Pierre, Ecclésiaste.

En faisant une rapide recension, nous constatons plusieurs choses:

D’une part, il est fort probable que le bonheur décrit dans la Parole de Dieu soit davantage un état d’esprit qu’une émotion. Les auteurs parlent d’une satisfaction globale reçue par des actions qui paraissent se prolonger dans le temps. Les émotions sont passagères, souvent trompeuses et très capricieuses. Nous devrions toujours questionner nos émotions avant d’en tirer une quelconque vérité.

D’autre part, ces actions sont toujours tournées sur deux axes: Dieu et sa Parole.

Concernant Dieu, les différents passages nous montrent que nous trouverons une satisfaction particulière à nous tourner vers lui, à trouver notre refuge en lui, à comprendre qui il est, à obéir à ses commandements. Et nous voyons ici que nous sommes en décalage avec les principes du monde: ce n’est pas avoir une jolie petite famille, un travail épanouissant ou une grande liberté qui nous apportera le « bonheur ». C’est notre réconciliation avec Dieu qui nous permettra d’obtenir une satisfaction pérenne. En effet, alors que nous étions aveugles, Dieu nous a révélé qui il est, ce que nous sommes et finalement les mystères existentiels qui entourent notre présence sur cette terre.

C’est directement en lien avec la Parole de Dieu: elle est la seule médiatrice fidèle de cette compréhension. « Ce bonheur » peut nous coûter et nous coûtera. Il nous demandera des sacrifices, de la souffrance et des renoncements. Cependant, nous trouverons également une satisfaction sans limites dans le fait de voir toujours mieux comme Dieu voit afin de vivre comme il le veut.

Pour aller plus loin:

Samuel Laurent

Chrétien et psychologue, Samuel est marié à Pauline depuis 17 ans et ont trois enfants. Ils ont créé l’association « La Boussole » avec laquelle ils proposent des formations en accompagnement biblique à l’intention des églises locales. Il est étudiant à la Faculté de Théologie Jean Calvin.

La question de l’accompagnement/counseling biblique est la principale raison de leur présence sur TPSG. ils souhaitent développer et partager leur vision biblique du monde autour de l’accompagnement, de la psychologie et des problématiques du cœur humain.

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Orateurs

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