Remember Death: 10 pensées à propos de la mort

Mort/État intermédiaireMort et DeuilVision chrétienne du monde

Penser à la mort n’est pas l’antithèse du bonheur, au contraire, cela nous permet de penser avec sagesse à notre vie sur terre. Telle est la thèse du livre Remember Death: c’est en prenant conscience de la mort et de ses implications que nous pourrons mieux vivre devant Dieu. En plus de mettre les choses en perspective, la mort redonne toute sa force à l’Évangile: « Quand la réalité de la mort s’éloigne de nos esprits, les promesses de Jésus nous semble détachées de nos vies. » (p. 23) Ou comme il le dit plus loin: « Mon but dans ce livre est de nous aider à surmonter notre détachement de la mort pour que nous puissions savourer un attachement plus profond à Jésus. » (p. 49)

Dès les premières pages de son introduction, l’auteur cite le Ps 90.12: « Enseigne-(nous) ainsi à compter nos jours, afin que nous conduisions (notre) cœur avec sagesse. » Après une première partie traitant de la fugacité de notre vie sur terre, le psalmiste demande à Dieu: « Rassasie-nous dès le matin de ta bienveillance, et nous serons triomphants et joyeux en toutes nos journées. » (v. 14)

Après lecture du livre, je vous livre 10 pensées à propos de la mort, pour mieux vivre Memento Mori.

1. La mort est inévitable

Le premier chapitre s’ouvre sur une citation de Pascal:

Qu’on s’imagine un nombre d’hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et, se regardant l’un l’autre avec douleur et sans espérance, attendent à leur tour. C’est l’image de la condition des hommes.

Des condamnés à mort, voilà la description de la condition humaine faite par le philosophe. La mort de nos proches devrait nous avertir de la nôtre. La mort est inévitable. Cela peut paraître évident et pourtant… la mort est toujours un scandale, absurde; mais elle est ressentie le plus souvent comme une surprise.

2. La mort est devenue invisible

Si la mort est devenue une surprise, c’est qu’elle est devenue invisible. La mort est devenue comme étrangère à notre vie en Occident. Avec les progrès de la médecine et la médicalisation, on ne meurt plus à la maison, mais à l’hôpital. Avant, on mourrait là où on vivait. Maintenant, la mort est devenue invisible. On peut atteindre l’âge de 30 ans sans n’avoir jamais vu de mort. L’auteur rapporte qu’à la fin du XIXème siècle, quatre personnes sur cinq mourraient avant l’âge de 70 ans. En 2018, l’espérance de vie dépasse les 80 ans en France. De fait, certains en viennent à penser que l’on meurt parce que la médecine n’est pas encore assez développée. Mais comme le rappelle l’auteur, « La mort n’est pas une maladie qui doit être éliminée. C’est la fin inévitable de la vie humaine. Les gens ne meurent pas parce que la médecine n’a pas pu les guérir. Ils meurent parce qu’ils sont humains. » (p. 39)

3. La mort nous rend humbles

L’auteur tape là où ça fait mal: « Il y a un certain narcissisme en chacun de nous qui nous dit que le monde ne peut pas tourner sans nous. » (p. 59) Je suis persuadé que c’est la raison pour laquelle certains dorment si peu; ils sont persuadés qu’une fois endormis, le monde risque de s’arrêter. À combien plus forte raison quand nous pensons à la mort! Mais la réalité est toute autre. Nous ne sommes pas trop importants pour mourir, nous ne sommes pas indispensables. Et après ma mort, il suffira de quelques années pour que, très probablement, tout souvenir de moi s’envole. Tous ceux qui m’auront connu mourront. La mort nous rend humbles.

4. La mort questionne notre valeur

Mais l’auteur pose la question: quelle est la valeur de la vie si je ne suis pas indispensable? D’où nous vient ce sens inné que notre vie compte? C’est le récit de la création et de la chute qui répond à cette question. La création nous apprend que notre valeur dépend de Dieu et la chute nous rappelle que notre mort est le fruit du péché. La vie a de la valeur parce que nous avons été créés par Dieu et la mort est aussi absurde que la chute en Genèse 3. L’Évangile permet d’expliquer notre valeur et répondre au problème de la mort. L’Évangile redonne un sens à une vie terrestre qui se solde par la mort. Il nous dit que la mort est le résultat d’un ennemi que Christ a vaincu et que la mort n’aura pas le dernier mot. La mort qui engloutit tout sera elle-même engloutie (1 Co 15.54).

5. La mort rappelle la futilité de la vie

Tout est vanité nous rappelle l’Ecclésiaste. McCullough explique: « Même si tu gères bien ta vie, même si tu saisis toutes les opportunités qu’elle t’offre et que tu atteints tous tes objectifs, ce que tu obtiendras ne sera jamais assez. » (87-88) Notre travail, même s’il peut nous apporter un bonheur réel mais relatif, ne pourra jamais nous combler. Pire encore, nous devons nous rendre à l’évidence qu’il y a toujours plus à faire. Notre travail n’est jamais fini. Nous travaillons, mais rien ne change vraiment (Ecc 1.9-11). Pareil pour ce qui nous apporte de la joie; rien ne nous satisfera pleinement sous le soleil. Tout ce que nous avons, tout ce qui nous fait plaisir passera. La mort peut parfois nous consoler, mais sa dureté implacable nous rappelle la réalité: tout est vanité, et tout le monde meurt (Ecc 3.18-20).

6. La mort nous rappelle que tout passe

Dans la même veine, la mort nous rappelle que tout est éphémère. « Toutes les bonnes choses ont une fin » dit le proverbe, reconnu dans de nombreuses cultures. Tout se change en souvenir douloureux, face à ce qui a été mais n’est plus. L’auteur souligne deux aspects que la mort met en relief: l’impermanence et l’irréversibilité. L’impermanence est le fait que rien ne dure et l’irréversibilité le fait que tout est perdu à jamais. L’auteur rappelle: « La perte est universelle, pas exceptionnelle. Elle est garantie, pas inattendue. »

Un piège de notre déni de la mort et de ses implications est notre tendance à espérer que le futur nous donnera plus que ce que nous avons. Mais l’auteur explique: « Vu de haut à l’échelle d’une vie, nous voyons que personne n’accumule quoi que ce soit. En fait, nous dépensons, nous n’épargnons pas. » (p. 122-123) Le temps commence à nous enlever ce que nous finirons par perdre: relations, santé, possessions…

7. La mort nous révèle notre matérialisme

J’avais déjà parlé du matérialisme qui est une forme d’idolâtrie. Dans certains cas, il est légitime d’être peinés de perdre ce que nous avons, comme un être cher. Mais dans d’autres cas, notre peine révèle nos idoles. Ce que nous perdons révèle ce à quoi nous tenons. La perte nous révèle aussi ce en quoi nous mettons notre confiance. Mais la mort peut nous aider à apprécier ce que nous avons, en le replaçant dans une juste perspective: tout ce que nous avons nous vient de Dieu. Soit nous faisons de Dieu la source de notre joie, soit nous ferons de la source de notre joie notre dieu. Il nous faut aimer Jésus et tout ce que nous avons en lui plus que tout ce que nous pourrions avoir dans cette vie.

8. La mort nous aide à voir plus loin

La mort nous montre l’impasse d’une vie sans Dieu. La vie sans Dieu est une voie sans issue, qui se termine dans le mur de la mort. Mais Jésus nous montre un chemin qui va au-delà de cette vie. «  Nous sommes souvent concentrés sur ce que nous voulons de cette vie. Mais Jésus ne nous a pas promis de nous donner plus de ce que la mort finira par nous enlever. Il veut nous donner ce que la mort ne peut toucher. » (p 138) Il veut nous donner le pain de vie, nous rassasier d’une eau qui ne tarit jamais.

9. La mort doit nous ouvrir l’appétit

Une des images qui m’a plu dans le livre est celle de considérer la vie comme un apéritif. Savoir que tout passe ne doit pas nous empêcher de savourer tout ce que Dieu nous donne. Mais cette perspective nous permet de voir ce que nous avons ici et maintenant comme un apéritif. Ce n’est pas le vrai repas. Nous sommes appelés à goûter le véritable festin, celui qui va durer sans fin. Celui qui va vraiment nous rassasier. Ce que nous allons perdre n’est rien comparé à ce que nous allons gagner. Les souffrances du temps présent sont bien réelles, et elles sont douloureuses. Mais elle ne sont rien comparées à la gloire à venir. Cela doit nous encourager à regarder aux choses avec foi:

C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même lorsque notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car un moment de légère affliction produit pour nous au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire. Aussi nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont momentanées, et les invisibles sont éternelles. (2 Co 4.16–18)

10. La mort de Jésus est la bonne nouvelle

Face à tout ce qui vient d’être dit, il serait facile de déprimer. La mort est si terrible, si brutale, que nous préférons éviter d’y penser ou même d’en parler. Mais comme nous l’avons également vu, mieux réfléchir à la mort nous permet de mieux penser notre vie. Et si la mort est inéluctable, elle n’est pas le dernier mot de ceux qui sont en Christ. Christ, par sa mort et sa résurrection, a vaincu la mort. Elle n’est plus notre ennemie, elle est déjà vaincue. Certes, tous passeront à travers elle, mais derrière elle se trouve la vie, la vie en abondance. Pour les chrétiens, la mort n’est qu’une porte vers la vie éternelle. Une expérience douloureuse pour ceux qui restent, mais l’assurance de retrouver notre Seigneur pour ceux qui partent en ayant la foi.

La mort est l’occasion de témoigner de notre espérance, de rappeler qu’elle est effectivement un scandale, mais un scandale qui ne nous est pas étranger. Nous sommes pécheurs, nous sommes coupables sans Christ, nous sommes destinés à la colère de Dieu. Mais Dieu est riche en compassion et il a pourvu à l’antidote du péché, la mort de Christ qui vainc la mort une fois pour toute. Il est mort pour que nous ayons la vie.


D’autres articles où je liste 10 choses…

Matthieu Giralt

Matthieu Giralt est cofondateur du site ToutPourSaGloire.com. Il est pasteur dans l’Est de la France. Il est titulaire d’un DNSEP de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, et d’un Master de recherche de la Faculté Jean Calvin. Il est le mari d’Alexandra, ils ont deux fils.

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