Pourquoi David a-t-il voulu offrir un sacrifice qui lui coûte? (2 Samuel 24.24)

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Dans 2 Samuel 24.24, nous découvrons un passage fascinant qui relate un épisode crucial de la vie du roi David. Cet événement, souvent mis en parallèle avec le récit de 1 Chroniques 21, se concentre sur le jugement de Dieu envers Israël, suite à un recensement initié par David.

Ce récit met en lumière une leçon essentielle sur le sacrifice véritable et sur l'amour de Dieu.

Le contexte du dénombrement

Après avoir subi une période d'humiliation à la suite de la rébellion de son fils Absalom, David, à la fin de son règne, décide de faire un recensement de ses forces militaires. Ce dénombrement n'était pas anodin. La Bible nous donne peu d’éléments quant aux motivations de David. Était-ce par incrédulité suite à une défaite? Par orgueil, suite à la rébellion d’Absalom? Quoi qu’il en soit, David a désobéi aux avertissements de Dieu donnés par Moïse (Dt 8.17-18). Le fait de compter sur ses propres forces plutôt que sur Dieu était un acte de vanité qui mit Dieu en colère.

David, après avoir reçu le rapport de ses généraux, prend conscience de la gravité de son acte et ressent un profond regret. Dieu, par l'intermédiaire du prophète Gad, lui propose trois options de jugement pour Israël: trois ans de famine, trois mois de défaite militaire, ou trois jours de peste. David choisit de se remettre entre les mains de Dieu en optant pour la peste, une maladie symbolisant le péché et l'état spirituel du peuple. Ce choix montre que David reconnaît sa culpabilité et que seul Dieu, dans sa miséricorde, peut atténuer la sentence.

La miséricorde de Dieu

Alors que l'ange de Dieu s'apprête à détruire Jérusalem, il s'arrête sur les terres d'Aravna (ou Ornan dans le récit parallèle de 1 Chroniques) situées sur le mont Morija. Dieu, dans sa miséricorde, décide de retenir son jugement. Gad demande alors à David de monter sur cette aire et d'y offrir un sacrifice à Dieu, symbole de son aveu de culpabilité et de la miséricorde divine.

Lorsque David arrive chez Aravna, ce dernier propose généreusement de lui offrir gratuitement le terrain, le bétail et tout ce qui est nécessaire pour le sacrifice. David, bien qu'il aurait pu accepter cette offre et prendre possession du terrain gratuitement en tant que roi, refuse catégoriquement:

Non! Je veux t’acheter cela à son juste prix. Je n’offrirai pas à l’Éternel, mon Dieu, des holocaustes qui ne me coûtent rien.

2 Samuel 24.24

Pourquoi David insiste-t-il sur le coût de son sacrifice?

Lorsque j’étais fiancé, j’ai mis le peu d’argent que j’avais dans une bague de fiançailles (véritable imitation) pour celle qui allait devenir ma femme. J’aurais pu demander de l’aide pour la payer, mais je voulais la payer moi-même, car c’était ma preuve d’amour pour elle.

L’amour de David pour Dieu ne pouvait être exprimé par quelque chose qui ne nous coûtait rien. En refusant de faire un sacrifice gratuit, il voulait manifester à Dieu la sincérité de son repentir et l'importance de sa reconnaissance. Un sacrifice offert sans coût personnel ne serait que de l'hypocrisie religieuse, une simple formalité dénuée de valeur aux yeux de Dieu.

L'acte de David montre que l'amour authentique se mesure au sacrifice que l'on est prêt à faire. Cet amour ne se limite pas à des dons matériels, mais implique une disposition du cœur. L'expérience personnelle de David, illustrée par son désir d'acheter la terre et d'offrir un sacrifice coûteux, nous enseigne que tout véritable amour, que ce soit pour Dieu ou pour autrui, se manifeste par des actes qui nous coûtent quelque chose.

Pourquoi Dieu a-t-il voulu nous faire connaître cet évènement?

Le choix de l'aire d'Aravna, sur le mont Morija, pour le sacrifice n'est pas anodin. C’est à ce lieu-même qu’Abraham, mille ans plus tôt, avait failli sacrifier son fils Isaac par obéissance à Dieu (Gn 22.2). C'est là que Dieu avait retenu la main d'Abraham et fourni un bélier en remplacement, promettant qu'à cet endroit, il pourvoirait au sacrifice (Gn 22.14). Cette promesse prenait un sens prophétique.

En rachetant ce terrain, David ne calme pas seulement la colère divine pour un moment; il consacre ce lieu à l'Éternel pour l'éternité. Ce même lieu deviendra plus tard l'emplacement du temple de Jérusalem, construit par son fils Salomon, où seront offerts les sacrifices expiatoires au nom du peuple. Cependant, malgré tous les sacrifices offerts dans ce temple, aucun ne pouvait réellement ôter la culpabilité du peuple.

Tous ces sacrifices faisaient partie du plan de Dieu, qui conduiraient au sacrifice ultime de Jésus-Christ. Jésus, crucifié sur le même mont Morija, est le véritable accomplissement de la promesse faite à Abraham: “À la montagne de l’Éternel, il sera pourvu” (Gn 22.14). Par son sacrifice, Jésus devient la victime expiatoire parfaite, offrant une expiation définitive pour les péchés de tous ceux qui croient (Rm 3.23-26). En lui, Dieu a pourvu au sacrifice ultime, démontrant ainsi son amour et sa justice.

Leçons pour nous aujourd'hui

Ce passage nous enseigne que la vie chrétienne authentique ne consiste pas à offrir à Dieu ce qui ne nous coûte rien. La véritable piété exige un engagement total, un sacrifice de soi-même en réponse (et non pour obtenir) à l'immense grâce de Dieu. Le salut est un don gratuit, mais notre réponse doit être une vie consacrée à Dieu.

Sommes-nous prêts à offrir à Dieu non seulement ce qui est facile, mais aussi ce qui nous coûte vraiment? Quelle est notre disposition du cœur lorsqu'il s'agit de servir Dieu et son Église, de pardonner ou de donner de notre temps et de nos ressources?

L'amour véritable se mesure par le sacrifice qu'il implique. Si nous n'offrons à Dieu que ce qui ne nous coûte rien, cela reflète la tiédeur de notre amour et de notre engagement envers lui.

David nous rappelle que le véritable amour pour Dieu se manifeste par notre volonté de sacrifier ce qui nous est précieux pour l'adorer et le servir.

Quoique nous offrions à Dieu, ce ne sera jamais à la hauteur du sacrifice qu'il a fait pour nous à travers la croix. Cependant, notre reconnaissance pour ce sacrifice doit nous pousser à offrir notre vie entière à Dieu, non par obligation, mais par amour et par désir de le glorifier.

Que l’Esprit saint ouvre nos yeux sur la grandeur de la grâce de Dieu et nous incite à vivre une vie de dévotion totale, où chaque acte de sacrifice concédé avec joie est une expression de notre amour sincère pour lui.

Raphaël Charrier

À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

Raphaël a été pasteur de l'Église Chrétienne Évangélique de Grenoble pendant 9 ans. Il sert désormais l'Église comme enseignant. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur du livre Vivre pour Jésus, qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne, et coauteur de L'Évangile.net: 7 signes, une ressource d'évangélisation basée sur l'Évangile selon Jean.

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