La loi morale de Dieu

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La circoncision n’est rien, l'incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de Dieu est tout. (1 Co 7.19) Cette petite phrase de Paul nous a fait réfléchir sur l’importance des commandements de Dieu. Mais de quels commandements parle-t on? Si l’observation de ces commandements est tout et que je ne les connais pas, je ne pourrais pas leur obéir. Je n’aurais donc rien. Quels sont-ils donc?

Dans le premier article, j’ai supposé que ces commandements étaient « la loi morale de Dieu » résumée dans les dix commandements. J’aimerais maintenant le montrer. Pour ce faire, nous commencerons par énumérer les différentes manières dont l’écriture peut utiliser les mots « loi » et « commandement ». Puis, nous verrons comment Romains 2 appuie l’existence de la loi morale. Enfin, nous regarderons la place de la loi dans la Nouvelle Alliance : nous nous rappellerons à quel point la bonne nouvelle est vraiment une bonne nouvelle.

La loi et les commandements, une clarification

Avant de commencer, il est important de nous rendre compte que la Bible utilise le mot « loi » de différentes manières :

La loi, proprement dite, est l’alliance entre Dieu et le peuple juif, faite au Mont-Sinaï avec Moïse. Elle est la relation entre Yahweh et le peuple qu’il a délivré d’Égypte. Cette relation a été scellée par un serment du peuple juif et le sacrifice d’animaux (Exode 24). Selon cette alliance, Dieu est le Dieu d’Israël et fera fructifier le peuple dans la terre qu’il lui a donnée. Mais si Israël désobéit de manière durable à Dieu, Dieu retiendra ses bénédictions et punira son peuple. L’exclusion de la terre promise est la pire des sanctions de cette alliance.

Par extension, la loi est l’ensemble du document qui décrit cette relation, aussi bien en ce qui concerne son histoire que les obligations de chaque partie (Dieu et le peuple). Nous appelons ce document le pentateuque, la Torah. Ce sont les 5 premiers livres de la Bible : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome.

Quelques fois, la loi désigne aussi l’ensemble des obligations qui incombent à Israël dans cette alliance. C’est à dire tous les commandements écrits, qu’ils concernent la manière dont Israël devait rendre culte à Dieu ou agir avec les autres hommes.

De manière plus restrictive, la loi peut désigner la loi morale de Dieu, particulièrement les dix commandements. C’est cet usage que je prouverai.

De la même manière, l’expression « les commandements » peut désigner aussi bien l’ensemble des obligations de l’alliance faîte entre Dieu et le peuple juif que les dix commandements.

Afin d’éviter la confusion, j’utiliserai donc :

  • « la loi » ou « les commandements » pour désigner ce que j’appelle la loi morale.
  • « les dix commandements » si je parle d’eux en particulier
  • « la loi de Moïse » si je parle de l’Ancienne Alliance établie par l’intermédiaire de Moïse ou l’ensemble des obligations qui incombent à Israël dans cette alliance.
  • « le pentateuque » ou « la Torah » pour parler des documents qui régissent l’alliance.

La loi de Dieu et les dix commandements

J’appelle loi morale de Dieu, l’ensemble des commandements que Dieu a donné à tous les hommes par la création et par laquelle il jugera tout homme. Cette loi est prouvée par l’existence de la conscience. Elle explique aussi pourquoi ceux qui n’ont pas accès à une révélation spéciale de Dieu sont quand même redevables envers Lui. Cette loi fait partie de la loi de Moïse mais en reste indépendante. Tous doivent lui obéir.

Cette doctrine est parfois rejetée même dans le monde évangélique, mais Romains 2.12-29 l’établit sans l’ombre d’un doute. Les versets 22 et 23 sont particulièrement importants pour nous, ils nous enseignent où trouver cette loi morale. Je vais donc me concentrer sur ces versets.

Mais avant, voici les détails du contexte qui nous intéresse le plus. Je vous invite fortement à étudier Romains 2.12-29 et à vérifier les déclarations qui suivent :

  • Paul utilise le mot « loi » de nombreuses fois dans ce passage
  • Un contraste est fait entre avoir la loi et obéir à la loi
  • dans cet exposé, le juif est celui qui a la loi, qui s’en glorifie mais ne fait pas ce qu’elle commande
  • le païen n’a pas accès à la loi mais pourtant il peut faire naturellement ce qu’elle commande
  • le païen peut obéir à cette loi sans être circoncis. Cette loi ne peut donc pas être liée, d’aucune manière que ce soit à la loi de Moïse qui ordonne la circoncision de ses membres.

Tout au long du passage, une distinction est faite entre avoir la loi et lui obéir. Chacune de ces deux notions pouvant s’exprimer différemment. Avoir la loi, la posséder, s’en glorifier, être instruite par elle est une chose. Lui obéir, avoir les œuvres de la loi écrite dans le cœur, faire ce que prescrit la loi en est une autre.

Même si le païen n’a pas reçu cette loi, il la connaît

Il existe donc bien une loi que Dieu a donnée à tous et à partir de laquelle il juge tous les hommes. Qu’avait donc Paul en tête lorsqu’il écrivait cela? Quelle est donc cette loi? Comment la connaître? Examinons donc les versets 22 et 23 qui nous le révèlent. Je citerai à partir du verset 17 pour que nous ayons la pensée de Paul:

Toi qui te donnes le nom de Juif, tu te reposes sur la loi, tu places ta fierté dans ton Dieu, tu connais sa volonté et tu discernes ce qui est important, car tu es instruit par la loi. Tu es convaincu d’être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des enfants parce que tu possèdes dans la loi l’expression de la connaissance et de la vérité. Toi donc qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même! Toi qui prêches de ne pas voler, tu voles! Toi qui dis de ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère! Toi qui as les idoles en horreur, tu pilles les temples!

Notre texte nous dévoile certaines transgressions de la loi: le vol, l’adultère, les idoles. Mais si nous regardions ailleurs dans l’épître aux Romains, Paul nous détaille encore plus cette loi. Ainsi, Paul n’aurait pas connu la convoitise sans la loi, car la loi lui dit « tu ne convoiteras pas » (Rm 7.7). Plus loin, il ajoute que l’amour accomplit la loi. Car tous les commandements accomplissent la loi. Surtout ils donnent une liste de ces commandements: tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas (Rm 13.8-10).

Clairement, Paul fait référence aux « dix commandements » (Ex 20). Tout aussi clairement, le contexte montre qu’il s’adresse à des chrétiens. Paul leur impose d’obéir à ces « dix commandements », d’obéir à la loi. Il nous reste à nous rappeler une bonne nouvelle avant de conclure.

La loi dans la nouvelle alliance

Voici que les jours viennent, déclare l’Eternel, où je conclurai avec la communauté d’Israël et la communauté de Juda une alliance nouvelle. Elle ne sera pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs ancêtres le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d’Egypte. Eux, ils ont violé mon alliance, alors que moi, j’étais leur maître, déclare l’Eternel. Mais voici l’alliance que je ferai avec la communauté d’Israël après ces jours-là, déclare l’Eternel: je mettrai ma loi à l’intérieur d’eux, je l’écrirai dans leur cœur, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Personne n’enseignera plus son prochain ni son frère en disant: «Vous devez connaître l’Eternel!» car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux, déclare l’Eternel. En effet, je pardonnerai leur faute et je ne me souviendrai plus de leur péché. (Jé 31.31-34)

Ce passage est un des plus importants de l’Ancien Testament. Il est cité plusieurs fois dans le Nouveau Testament, notamment dans l’épître aux Hébreux où il joue un rôle clef pour décrire l’œuvre de Jésus.

Le livre de Jérémie fait le constat qu’Israël n’a jamais pu obéir à la loi de Moïse. Dieu promet donc le jugement sur le peuple, conformément à ce que promettait cette alliance. Mais alors que Dieu promet jugement sur jugement, comme nous pourrions nous y attendre, il ne manque pas de nous surprendre. Dans la prophétie que nous avons citée, Dieu promet une nouvelle alliance.

La loi de Moïse, celle qui suivait la sortie d’Egypte, les a condamnés. Incapable de lui obéir, le peuple est jugé selon cette loi et va perdre la terre promise.

Mais le Dieu qui aime faire grâce, le Dieu qui aime la miséricorde, promet une nouvelle alliance. Cette alliance sera différente de la précédente. Si Dieu promet une nouvelle alliance, il y a une continuité entre l’alliance faite sous Moïse et celle qui viendra plus tard: la loi en fera toujours partie. La loi dont il est question ici ne peut être la loi de Moïse, puisque Dieu déclare qu’il mettra en place une nouvelle alliance qu’il contraste avec la loi de Moïse. Par contre, cette loi ne peut-être que les dix commandements. Comment pouvons nous dire cela? Les « dix commandements » sont la seule chose que Dieu a écrite. Il les a écrits sur des tables de pierre.

Dans la nouvelle alliance Dieu écrira de nouveau, mais il le fera sur les cœurs de ses élus. C’est ce qui constitue le contraste des deux alliances. Cette interprétation est confirmée par l’apôtre Paul (2 Cor 3.1-11). Son ministère est le ministère, non de l’ancienne alliance, mais celui de l’Esprit. Les lettres gravées sur les tables de chair, c’est à dire les dix commandements sous l’Ancienne Alliance, tuaient. Elles nous dévoilaient notre péché et nous condamnaient.

Mais dans la Nouvelle Alliance, l’Esprit écrit ces mêmes commandements sur notre cœur et nous donne vie. Il nous rend capable d’obéir, parce qu’il nous donne vie.

C’est la bonne nouvelle de la Nouvelle Alliance: la loi n’est plus quelque chose externe à nous qui nous condamne. C’est un allié, gravé dans notre cœur, qui nous rend capable d’obéir à ce que Dieu commande et nous rend de plus en plus conforme à Christ (2 Cor 3.18).

Dans l’Évangile, nous voyons les dix commandements accomplis pour nous. Trop souvent, nous nous créons nos dieux, mais Jésus n’a jamais eu d’autre Dieu que Yahweh à qui il donna même sa vie. Souvent, nous disons que nous croyons mais déshonorons Dieu. Jésus n’a jamais pris le nom de Yahweh en vain, il a même montré que ce nom valait mieux que sa propre vie. Combien de fois volons nous la gloire à Dieu? Jésus n’a jamais rien volé, au contraire il a abandonné la gloire qu’il possédait réellement pour souffrir la honte pour nous. La vie et la mort de Jésus nous dévoilent les « dix commandements ». Jésus donnant sa vie nous montre ce qu’est accomplir la loi de Dieu. Jésus accomplissant la loi nous montre l’amour. Jésus obéissant au Créateur nous montre ce qu’est être l’image de Dieu, lui ressembler.

Bien plus, Jésus accomplissant la loi nous procure le pardon, nous donne la vie. De telle sorte que maintenant, cette loi n’est plus l’ennemi qui nous condamne mais notre guide. Grâce à elle nous comprenons ce qu’est l’amour. Aimer, c’est obéir à Dieu, à sa loi.

Une vie guidée par la loi

Ne négligeons donc pas la loi de Dieu. Joignons le psalmiste et méditons la jour et nuit. Elle nous révèle l’amour, elle nous révèle l’Évangile, elle nous révèle le Dieu que nous aimons. Bien plus, elle révèle ce Dieu en nous, en la méditant, en obéissant, nous sommes transformés à l’image de celui qui nous aimé. Par la puissance que l’Esprit nous donne, aimons notre Dieu, aimons notre prochain en imitant le Christ. En obéissant aux « dix commandements ».

anonyme

Emmanuel Hechon

Ancien informaticien, Emmanuel a quitté son travail pour se former à l’Institut Biblique de Genève, et en est ressorti diplômé en 2014. Marié à Hélène, il est aujourd’hui pasteur d’une Église à Marchiennes (Nord de la France). Lorsqu’il n’est pas en train d’étudier la théologie, il aime cuisiner et jouer aux échecs.

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