Marc 11.1-11, un récit de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, donne un aperçu d'un tournant dans la vie de Jésus. Non seulement il marque le début de la dernière semaine de sa vie, mais il met également en évidence son humilité et son autorité. Ce passage nous enseigne un message opportun:
Accueillons avec joie notre Seigneur Jésus, car il est notre Roi Libérateur.
Dans la scène d’ouverture de Marc 11, nous trouvons Jésus près de Béthanie, à 2,5 km à l’est de Jérusalem. Ce village, où vivent Marthe, Marie et Lazare, était probablement la base d’opérations de Jésus en Judée. Il envoie deux disciples lui chercher un âne, avec des instructions quant à son emplacement et à son acquisition. Est-ce une révélation surnaturelle qui permet à Jésus de connaître tous ces détails? Le propriétaire de cet âne est-il un membre du groupe élargi des disciples? Dans tous les cas, les instructions qu’il donne à ses disciples leur permettront de ne pas être pris pour deux voleurs.
Les disciples trouvent l’ânon exactement comme leur Seigneur l’avait déclaré, et lorsque son propriétaire les interroge, ils donnent le mot de passe: « Le Seigneur en a besoin. » L’affaire est ainsi réglée. Ce simple acte d’obéissance de la part d’un disciple sans nom nous donne un modèle à suivre dans notre propre marche avec Christ. Non seulement nous sommes tous confrontés à des moments où nous devons lui remettre quelque chose de précieux, mais il est probable que nos efforts ne seront pas reconnus. Peu importe, tant que notre Seigneur est glorifié.
Les disciples jettent alors leurs vêtements sur l’ânon pour que Jésus puisse s’assoir dessus. Ce faisant, il accomplit la prophétie de Zacharie 9.9:
Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, fille de Sion!
Crie de joie, fille de Jérusalem!
Voici que ton roi vient à toi;
Il est juste et victorieux,
Il est humble et monté sur un âne,
Sur un âne, le petit d’un âne.
Oh, l’humilité et l’autorité de Jésus! Il avait tous les droits de venir en puissance, sur un cheval blanc, brandissant une épée. Au lieu de cela, dans ce seul acte, il incarne ce qui est dit de lui en Ph 2.5-7 et le caractère de tout son ministère terrestre.
Nombreux sont ceux qui étendent leurs vêtements et leurs branches sur la route devant lui, ce qui équivaut à dérouler un « tapis rouge » pour un dignitaire, ou même à rendre hommage à un roi. Leur attente et leur adoration nous amènent à nous poser la question: « Attendons-nous la seconde venue de Christ avec autant d’impatience que cette multitude accueille la première? »
Mais qui sont ces hommes et ces femmes si dévoués au Maître? Le verset 9 nous parle de ceux qui suivent Jésus. Il s’agit des pèlerins qui accompagnent Jésus depuis la Galilée, comme les 12 apôtres et le groupe élargi de disciples. Imaginez les 70 évangélistes que Jésus a envoyés en Lc 10.1-23. Imaginez Marie de Magdala, Jeanne, la femme de Chuza, intendant d’Hérode, et Suzanne, qui voyageaient avec Jésus et ses disciples et qui les assistaient avec leurs biens (Lc 8.1-3). Imaginez Marie, Marthe et Lazare. Imaginez aussi Marie, la mère de Jacques le mineur et de Joses, ainsi que Salomé qui, avec Marie de Magdala, resteront près de Jésus pendant sa crucifixion et témoigneront de sa résurrection (Mc 15.40-47; 16.1).
Le verset 9 nous parle également de ceux qui le précèdent. Ce sont des pèlerins qui sortent de la ville pour aller à sa rencontre. Les deux groupes sont venus à Jérusalem pour la Pâque, afin de commémorer la délivrance d’Israël de la domination d’un roi étranger. La question doit résonner dans leur cœur: « Jusqu’à quand, Éternel?… Jusqu’à quand mon ennemi s’élèvera-t-il contre moi? » (Ps 13.2-3).
Ils crient: « Hosanna! » Certains commentateurs pensent que ce terme hébreu signifie: « Sauve-nous! » et cela a du sens. Mais d’autres pensent que cela signifie: « Soyez sauvés. » Comme quand les Britanniques voient leur reine passer et qu’ils disent: « Dieu sauve la reine! » (d’où le titre de leur hymne national). Dans le Psaume 20.10, il est écrit: « Éternel, sauve le Roi! » Il est donc possible qu’Hosanna soit porteur de cette idée.
« Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel » est une citation d’un psaume messianique:
C’est ici la journée que l’Éternel a faite: Qu’elle soit pour nous un sujet d’allégresse et de joie! Ô Éternel, accorde le salut! Ô Éternel, donne la prospérité! Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel! Nous vous bénissons de la maison de l’Éternel.
Psaume 118.24-26
Pour ceux qui accueillent Jésus, cela fait référence au jour eschatologique tant attendu du Seigneur. En effet, ce jour-là, leur Messie vient les sauver de leurs ennemis et établir son royaume. Le verset suivant en témoigne:
Jésus est annoncé comme le Roi promis:
Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!
Marc 11.10
Ceci fait référence à l’Alliance davidique de 2 S 7.12-16. Aucun descendant de David ne siège sur le trône à Jérusalem au temps de Jésus. Au contraire, un roi païen règne sur le peuple d’Israël. Aucun fils de David n’a occupé le trône depuis l’exil babylonien en 597 avant J.-C. Même après le retour des exilés, aucun roi juif n’a plus jamais régné sur Israël. Au lieu de cela, les gouverneurs ont exercé un pouvoir emprunté. Le peuple d’Israël n’a plus jamais joui de l’indépendance, mais a été traité comme un pion et est passé des mains de Babylone à celles de l’Empire médo-perse, et finalement à celles de Rome.
Mais ils ne perdent jamais espoir. Ils attendent depuis des siècles le jour où la promesse de 2 Samuel 7 sera réalisée. Et après avoir attendu si longtemps, le jour arrive; l’aube d’une nouvelle ère. En ce jour, cette foule accueille la réalisation de l’espoir de la nation, qui date de 600 ans! À plus forte raison quand ils voient Jésus se diriger directement vers le temple ce jour-là. Et quand, le lendemain, il purifie le temple! (Mc 11.15). Mais combien il est triste de voir que quelques jours plus tard, ils verront tous leurs rêves brisés lorsque leur Seigneur sera pendu à une croix!
Mais le fait que leur joie initiale du dimanche des Rameaux ne se traduise pas par le coup d’État et le couronnement espérés, veut-t-il dire que cette foule se retourne contre Jésus cinq jours plus tard? Avez-vous entendu cette version de l’histoire utilisée pour illustrer la condition du cœur humain, inconstant et instable dans toutes ses voies? Mais qu’en serait-il si la foule n’était pas, en fait, inconstante? Et s’il n’y avait pas une foule, mais deux? Un regard attentif aux évangiles le démontre[1].
Laissez-moi vous parler de la première foule. La foule qui crie ses louanges le dimanche des Rameaux se compose de tous les pèlerins déjà mentionnés. Ce sont des personnes en marge de la société qui aiment et espèrent en Jésus. Parmi eux, nous pourrions trouver d’anciens démoniaques, des aveugles, des lépreux, des prostituées, des publicains, et d’autres personnes de peu d’importance, humainement parlant. Marc 11.18 dit,
Les principaux sacrificateurs et les scribes, l’ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr; car ils le craignaient, parce que toute la foule était frappée de sa doctrine.
Le nombre même de ces hommes, femmes et enfants exclus, représente une menace pour l’établissement religieux. De plus, après son entrée triomphale à Jérusalem, cette même multitude suit Jésus toute la semaine, accrochée à chacune de ses paroles.
La seconde foule, en revanche, est une bande de personnes incitées par les scribes et les pharisiens. Selon Jn 18.6, une cohorte de soldats et la garde du temple arrivent au jardin de Gethsémani pour arrêter Jésus. De nombreux commentateurs pensent que cette foule est composée de 300-600 soldats entraînés. Ils viennent armés pour arrêter Jésus, précisément parce qu’ils craignent l’opposition de la foule qui aime et suit Jésus.
Le procès de Jésus se déroule sous le couvert de la nuit, pendant que la foule de ses admirateurs dort. La foule qui a accueilli Jésus au moment de son entrée triomphale dort, mais pas la foule des ennemis de Jésus. De plus, le procès de Jésus devant Pilate a lieu très tôt le matin.
Pilate a tout intérêt à céder de temps en temps la place à cette foule de chefs religieux. Il n’a pas besoin de s’assurer le soutien des enfants, des boiteux, des veuves et des impuissants. Lorsque cette foule se réveille et cherche Jésus pour entendre à nouveau ses enseignements, il est trop tard. À 9 heures du matin, Jésus est déjà pendu sur la croix (Mc 15.25).
Le commentaire populaire sur l’inconstance d’une foule qui pourrait crier “Hosanna” un jour et “Crucifiez-le” quelques jours plus tard n’a donc pas beaucoup de soutien. Plutôt que d’offrir une leçon sur l’inconstance du cœur humain, le récit de l’entrée triomphale de Jésus soulève la question: de quelle foule fais-je partie? De celle qui accueille avec empressement le Roi libérateur? Ou de celle qui s’oppose à lui, plus intéressée par l’auto préservation? Même si ma compréhension de Jésus est parfois imparfaite, est-ce que je me soumets à mon Roi, ou est-ce que j’exige qu’il se soumette à mes conditions? Car c’est bien cela qui, en fin de compte, distingue les deux foules.
Pour les vrais disciples de Jésus, en ce jour joyeux, les espoirs sont anéantis, bien que temporairement, par la nuit sombre où Jésus est trahi et condamné à mort. Mais pour ceux d’entre nous qui connaissent la suite de l’histoire, nous savons que la croix n’est pas la fin. Nous pouvons chanter des hymnes de joie avec la multitude le dimanche des Rameaux, car nous savons que notre Roi est ressuscité, que notre Roi est couronné, et que nous vivrons sous son règne pour l’éternité. Gloire à Dieu!
Accueillons avec joie notre Seigneur Jésus, car il est notre Roi libérateur.
[1] Je suis redevable au blog du Pasteur Tim Challies pour certaines de ces réflexions.
Article publié le 25 mars 2021. Republié le 08 avril 2022.
webinaire
1h pour comprendre Colossiens
Dans ce webinaire de la série 1h pour comprendre un livre biblique enregistré le 19 février 2019, Frédéric Bican t’invite à (re)découvrir l’épître aux Colossiens. Alors, laisse-toi surprendre par la cohérence, la profondeur et la richesse de la Parole de Dieu. L’objectif, c’est que tu puisses comprendre l’ensemble pour mieux vivre l’essentiel.
Orateurs
F. Bican