4 marques d'un discipulat biblique

Discipulat/Mentorat

À chaque fois que nous, chrétiens, discutons de ce qu’est la mission de l’Église, nous avons tendance à nous embourber dans des débats concernant l’implication des églises locales dans la sphère sociale. Est-ce que notre travail fait partie de la mission de l’Église? La mission est-elle à visée large ou étroite?

Au-delà de ces discussions se pose pourtant une question plus importante concernant la nature du discipulat. Cette question ne concerne pas simplement la mission, elle concerne la définition même du discipulat biblique. Cette définition est-elle générale ou restreinte?

Ci-dessous, vous trouverez quatre vérités importantes que nous devrions garder en tête lorsque nous appréhendons le discipulat d’un point de vue biblique:

1. Le discipulat est modelé

Faire des disciples est le travail de « modeleurs » et non pas de simples messagers. Les disciples ne grandissent pas simplement grâce à de bonnes informations, mais également en étant témoins de la vie et des choix d’autres disciples qu’ils rencontrent.

C’est pourquoi l’Ancien Testament souligne tout autant la mémorisation des écritures saintes que les conversations quotidiennes à propos de la loi.

Le Psaume 119, par exemple, insiste sur le besoin d’étudier et d’intérioriser la loi de Dieu, alors que Deutéronome 6 insiste sur les discussions quotidiennes concernant la loi. C’est également la raison pour laquelle Paul dit à l’église de l’imiter comme il imitait Christ.

Dans Total Church, Steve Timmis and Tim Chester expliquent comment ils ont appris l’importance du modelage à partir de leurs propres expériences.

Les gens devraient apprendre la vérité de la justification non seulement dans une exposition de Romains 5, mais en nous voyant nous reposer dans le travail accompli par Christ au lieu d’essayer de nous justifier avec anxiété. Ils devraient comprendre la nature de l’espérance chrétienne non seulement quand ils entendent une prédication sur Romains 8, mais en nous voyant soupirer en réponse aux souffrances alors que nous attendons la gloire. Nous avons remarqué dans notre contexte que la majeure partie de l’apprentissage ne découle pas de l’enseignement de programmes, mais de conversations spontanées — parler de la vie, parler du ministère, parler des problèmes. (118)

Cet aspect correspond à l’image de Jésus avec ses disciples dans le Nouveau Testament. Jésus enseignait constamment, non seulement à travers ses discours publics, mais aussi à travers ses actions.

2. Le discipulat est équilibré

Le but du discipulat est équilibré. Comme Gregg Allison le fait remarquer, le disciple de Christ doit être caractérisé par :

  1. orthodoxie (bonne doctrine)
  2. orthopraxie (bonne pratique)
  3. orthopathie (sentiments justes)

Quand l’un de ses trois éléments est exclu du développent d’un disciple, les deux autres éléments sont affectés et la mission de l’Église est entravée.

En parlant du ministère de l’Éducation dans l’Église, Allison recommande un modèle de discipulat constitué d’un enseignement doctrinal, de la formation du caractère et du développement d’une vision du monde. Cette formation concernant la vision du monde nous amène à un point à part entière…

3. Le discipulat inclut une vision du monde

Faire des disciples présuppose une vision du monde — notre vision du monde à travers des lunettes chrétiennes. Qu’est-ce qu’une vision du monde?  Craig Bartholomew et Michael Goheen nous offrent une simple définition:

Une vision du monde est une articulation de croyances basiques ancrées dans un métarécit partagé qui tire ses racines d’un engagement de foi et qui donne la forme et la direction de nos vies en tant qu’individus et communauté.

Les grandes questions de la vie sont souvent associées à la définition d’une vision du monde, les questions qui nous aident à raconter l’histoire à travers laquelle les êtres humains voient la réalité. N. T. Wright liste cinq questions déterminantes:

  1. Qui sommes-nous?
  2. Où sommes-nous?
  3. Quel est le problème?
  4. Quelle est la solution?
  5. Quelle heure est-il?

Poser la dernière question « Quelle heure est-il? » clarifie la forme de la réflexion sur la vision du monde et nous empêche de perdre de vue la dimension du discipulat dans le monde présent. Répondre à la question nous amène naturellement au prochain élément du discipulat qui est trop souvent négligé.

4. Le discipulat est eschatologique

Le discipulat est eschatologique par nature parce que l’église qui fait et qui reçoit des disciples est eschatologique par nature. Par eschatologie, je ne me réfère pas seulement aux doctrines de la fin des temps souvent reléguées à la fin des manuels de théologie systématique; je parle d’eschatologie dans un sens plus large qui englobe la vision chrétienne du temps et de la destinée de notre monde. L’eschatologie dans ce sens alimente autant notre évangélisation que notre ecclésiologie.

J’aime l’image que Lesslie Newbigin dépeint:

L’Église… appelle les hommes et les femmes à se repentir de leur fausse loyauté envers d’autres puissances pour devenir les croyants de la seule vraie souveraineté et de devenir ainsi en tant que communauté un signe, un instrument, et un avant-goût de la souveraineté sur toute la nature, toutes les nations et toute vie humaine du seul vrai Dieu vivant.

Voir le discipulat d’un point de vue eschatologique impacte notre manière de prêcher et d’enseigner. L’alternative est de minimiser la dimension eschatologique du discipulat ce qui nous mènerait à une vision du monde incomplète, à un discipulat déséquilibré et, à la fin, à une incapacité tragique de modeler une vie chrétienne. Car modeler implique l’obéissance dans un lieu et dans un endroit particulier.

Le discipulat est eschatologique car les questions comme « Quelle heure est-il? » et « Où est-ce que l’histoire va? » impactent grandement la vision du monde du disciple et nourrissent ce à quoi ressemble la vie d’un disciple de Jésus.

Article paru en anglais sur le blog de Trevin Wax. Traduit avec autorisation par Matt & Alexandra.

Trevin Wax

Editeur chez Lifeway. Il dirige le projet The Gospel Project, un matériel d'enseignement pour les Églises. Trevin est marié et papa de trois enfants.

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