Chrétienne

Comment faire face à l'infertilité? (Eun-Hae Moulin)

SouffranceVie de familleParentalité

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Publié le

20 févr. 2024

Dans cet épisode, Aurélie et Angie invitent Eun-Hae Moulin à partager son histoire avec l’infertilité, longue de deux décennies. À travers son chemin de foi, nous découvrons la fidélité de Dieu tout au long de son parcours.

Eun-Hae répond aux questions suivantes:

  • Est-ce que tu peux te présenter et nous parler un peu de ton ministère actuel? [3:57]
  • Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours avec l'infertilité et de l'impact qu'il a eu sur ta foi? [7:31]
  • Quels mécanismes d'adaptation ou pratiques spirituelles spécifiques as-tu trouvés utiles pour maintenir ta foi et ton bien-être émotionnel pendant les défis de l'infertilité? [9:45]
  • L'infertilité peut parfois être entourée de stigmates ou d'idées fausses. Comment as-tu répondu à ces idées fausses au sein de ta communauté chrétienne, et comment les autres peuvent-ils mieux soutenir les personnes confrontées à l'infertilité? [15:07]
  • Quels conseils donneriez-vous à d'autres couples chrétiens qui sont actuellement confrontés à l'infertilité, à la fois en termes de maintien de leur foi et de recherche de soutien de la part de leur communauté? [27:13]

Pour aller plus loin:

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  • Découvre d’autres témoignages de femmes dans le webinaire spécial: "Elles ont vu la fidélité de Dieu"

Transcription:

Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans Chrétienne, le podcast qui creuse la Bible pour servir Christ. Je suis Aurélie Bricaud et je suis ravie de vous accueillir aujourd'hui en compagnie de deux grandes, belles et ravissantes citadines: ma fidèle coanimatrice Angie Velasquez Thornton et de son amie Eun-Hae Moulin, si mes souvenirs sont bons. Je suis en train de chercher mes notes et là, c'est un petit peu l'angoisse... oui c'est bon, je n'ai pas de point. Est-ce que je fais honneur à ton identité?

Eun-Hae: Alors moi, je m'appelle Eun-Hae, originaire de Corée du Sud.

Aurélie: OK, OK, bienvenue, bienvenue! Je faisais mention de la citadine parce que je pense que, pour nos auditeurs et auditrices fidèles qui nous suivent depuis longtemps, sachez qu'on vient d'acter avec Angie que vraisemblablement, nous ne serons jamais en colocation, que vraisemblablement, nous ne vieillirons pas dans la même maison de retraite, et que nous ne serons peut-être un jour sur le même continent, mais en tout cas pas au même endroit. Parce que je resterai, à l'intérieur de moi-même, une vraie campagnarde jusqu'au bout de mes bottes. Et Angie aime trop la pollution, le goudron, le bruit…

Angie: La cultures, les musées, les monuments, la diversité ethnique et culturelle, la nourriture et j'en passe.

Aurélie: Voià… Eun-Hae, toi, tu es aussi une citadine dans l'âme?

Eun-Hae: Oui, surtout quand j'étais jeune. Mais comme j'ai passé 40 ans, je ne suis plus citadine. J'aime bien la campagne, l'endroit où je me trouve à l'heure actuelle. J'aime, j'aime trop. Donc Angie, tu es trop jeune encore. Tu verras quand tu atteindras mon âge.

Angie: Hahaha! Je pense que j'ai 49 ans. Hier, ma fête était hier, au moment qu'on filme, et je pense que je suis plus vieille que toi.

Aurélie: Non, non, c'est foutu. On l'a perdue à tout jamais. Donc, si vous êtes plutôt campagnard, tapez 1 en commentaire. Si vous êtes plutôt citadin, tapez 2. Ça nous permettra de mettre en place des statistiques, pour voir si justement c'est pertinent de s'impliquer dans le développement d'églises et de missions plutôt en ville ou plutôt en campagne. Voilà.

Angie: Puis, on devrait faire un épisode pour le poisson d'avril comme l'ont fait Memento Mori: quel est le meilleur hamburger? Burger King ou McDo?

Aurélie: Ouais, on va faire ça, on va faire ça. Ça me donne plein d'idées. Plutôt boue ou béton? [rire] Bon, alors peut-être qu'on va parler un peu de choses sérieuses, parce qu'après, on va nous dire: "Ah, Chrétienne, ça blablate, ça placote." Je ne sais pas d'autres québécismes. Bref.

Angie: En africanisme, ce serait beaucoup de causeries; elles causent beaucoup.

Présentation d’Eun-Hae

Aurélie: Ça papote. Est-ce que tu peux peut-être te présenter Eun-Hae, et nous dire qui es-tu, d'où viens-tu, quel est ton parcours, et nous parler un petit peu de ton ministère actuel?

Eun-Hae: Alors, comme vous avez vu dans mon nom, je suis Eun-Hae. Ce nom veut dire "grâce" en coréen et je viens de Corée du Sud. J'ai étudié à Toronto, où j'ai rencontré mon mari. On s'est mariés à Toronto, mais comme mon mari vient de la Martinique, nous sommes partis en Martinique et nous avons vécu pendant 19 ans en Martinique. Lui en tant que pasteur, moi juste en tant que sa femme et citoyenne de la France. J'ai quand même profité de vivre à Paris pendant trois ans. Et là, ça fait juste un an et demi que nous sommes au Québec en tant que missionnaires. Après 19 ans de service en Martinique, nous avons décidé de partir ailleurs pour servir le Seigneur pour d'autres peuples. Ça fait un an et trois mois que nous sommes au Québec, oui au Québec, et je viens de passer une année d'intégration à l'Église de Longueuil, à l'Église de l'Espoir à Longueuil et ça a été vraiment super. C'était une année d'intégration pour qu'on puisse apprendre la culture, la culture chrétienne, la culture de la société aussi, rencontrer des gens, comprendre un peu ce que les gens ont vécu, ce que les gens vivent, pour qu'on puisse mieux les servir. Et ça fait juste trois mois qu'on est à Gatineau, une ville à côté d'Ottawa, mais toujours au Québec francophone. Et donc, du coup, mon mari, dans quelques semaines, à partir de janvier, va devenir pasteur principal, parce que c'est une église qui cherchait un pasteur. Et, moi, mon ministère actuel, c'est d'observer, écouter, analyser, rencontrer des femmes, écouter leurs histoires pour comprendre un peu ce qu'elles ont vécu et pour mieux prier, pour mieux les accompagner et pour mieux les aimer. Donc, pour l'instant, c'est ça mon ministère actuel.

Angie: Hum, mais je peux ajouter que tu es en train de te former avec Sola Femina Scriptura. Tu es une de nos responsables de petit groupe, tu as vraiment à cœur l'enseignement, de la Bible et tu es déjà une précieuse collaboratrice avec nous à Sola Femina Scriptura. Donc, permets-moi de me vanter de toi.

Eun-Hae: Alors là, je sais pas, mais en tout cas, j'ai participé à la formation et à partir de janvier, à l'église à Gatineau, on lance une formation équivalente un peu avec ce qu'on appelle des, des bases ou des principes, bibliques, pour étudier la Bible avec d'autres femmes de l'église. Donc ça, c'est un projet qui va arriver aussi au sein de l'église en collaboration avec ça.

Angie: Et c'est aussi avec l'aide de Heidi Klipfel, n'est-ce pas?

Eun-Hae: Heidi Klipfel, avec des documents qui se trouvent sur le site de Simon's Trust… Mais je ne parle pas souvent de ça parce que je ne me sens pas encore capable, mais on verra.

Entrons dans le vif du sujet

Angie: Je pense que tu en es capable. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours avec l'infertilité et de l'impact que cela a eu sur ta foi?

Eun-Hae: Oui, bien sûr. Alors, avant de parler de l'infertilité, ça fait 20 ans que je me suis mariée et demain, le 13 décembre 2023, ça va faire notre 20ᵉ anniversaire de mariage.

Aurélie: Félicitations!

Eun-Hae: Donc, pour parler de mon parcours avec l'infertilité, bien évidemment, au début de mon mariage, j'étais extrêmement confiante qu'on allait avoir des enfants, comme tout le monde. Je n'avais aucun doute, je ne m'inquiétais pas. Donc, il y avait une première phase où j'étais confiante, ou même trop confiante. Et, par contre, deuxième phase de mon infertilité, quand on s'est rendu compte qu'on avait un problème d'infertilité, là, je me suis sentie perdue. Parce que nous, les femmes, en général, on aime bien que les choses soient organisées, structurées. Quand on arrive à planifier et contrôler les choses, on aime bien ça, en général. Et là, c'était une partie complètement hors de mon contrôle et c'était extrêmement inconfortable. et je crois même que pendant ce temps-là, ma foi a été ébranlée souvent.

Et donc, pendant cette difficulté, bien évidemment, il y avait la tristesse, le désespoir, la déception. Mais bien évidemment, je ne suis pas restée dans cette phase. Il y a eu quand même la phase où Dieu est venu me consoler à travers sa parole, à travers qui il est. Donc, auprès de lui, qui est bon et fidèle, j'ai pu trouver une consolation, comme un enfant sevré auprès de sa mère. Et ensuite, Dieu n'avait pas fini avec la consolation. je termine avec la phase où Dieu m'a restaurée, et ça c'est la phase, je crois, où ça a été la plus belle au final dans mon vécu de l'infertilité, où Dieu m'a restaurée pour que je puisse vivre, malgré tout, ma féminité pleinement en lui, malgré l'infertilité. Voilà un peu mon parcours.

Aurélie: Est-ce que tu peux nous raconter comment que tu t'es adaptée par rapport à cette problématique et à cette difficulté? Est-ce que tu as dû adopter certaines pratiques spirituelles spécifiques? Comment est-ce que tu as pu garder la foi concrètement par rapport à ça? Et puis, ben, émotionnellement aussi, comment est-ce que tu as affronté un petit peu tout ça? Quelles sont les différentes, phases émotionnelles que tu as pu vivre? Ou quelles ont été les émotions particulières auxquelles tu as été confrontée?

Eun-Hae: Les stratégies spirituelles, premièrement, j'aurais dit: s'exprimer, passer du temps d'intimité avec Dieu pour exprimer honnêtement ce que j'ai ressenti. Je vous explique. Moi, je viens d'une culture asiatique. En Asie, on néglige énormément cette partie émotionnelle, où on n'exprime pas forcément les émotions, surtout si c'est négatif. Parce que dans nos têtes, on est là pour l'avancement de la communauté. Donc, si mes émotions sont négatives et que ça ralentit l'avancement de la communauté, on laisse de côté, on fait comme si de rien n'était et on avance. Et ça, c'était un peu mes défauts que j'avais en tant que chrétienne. Et à un Dieu qui m'a sauvée, qui m'a aimée telle que je suis, j'avais négligé cette partie au départ. Et donc, du coup, les sentiments, selon moi, légitimes, j'arrivais à les exprimer à Dieu. Même si c'est de la tristesse, si c'est un membre de ma famille qui n'est pas chrétien, prier pour leur salut, pleurer devant Dieu, pour moi, c'était légitime. Mais exprimer des fois la culpabilité, exprimer ma déception, exprimer le fait que ma foi était ébranlée et troublée, pour moi, c'était difficile parce que ma culture ne me permettait pas de faire ce genre de choses.

Donc, du coup, ce qui m'a aidée, paradoxalement, c'est de dire et d'exprimer tout ce que j'ai ressenti sans filtre devant Dieu. Et même si je ne suis pas fière d'être aussi triste, d'être aussi désespérée, mais exprimer tout à Dieu, parce que je lui faisais pleinement confiance, en son amour qui est inconditionnel, manifesté à travers son Fils, qu'il n'y a rien qui peut me séparer de l'amour de Dieu, même si j'exprime mes émotions négatives. L'amour de Dieu ne peut pas être diminué. Donc, avec cette certitude et assurance, j'ai appris à exprimer tout à Dieu, parce que je savais pertinemment qu'il allait m'accepter telle que je suis. Et ça, c'était quand même une pratique, je dirais, qui m'a aidée.

Bien évidemment, ce que Dieu m'a fait avec ces émotions, première étape, approuver mes émotions. Il était là pour les approuver, il était là pour me comprendre, mais en même temps, il a cheminé avec moi, il a amené mes émotions vers la vérité, vers sa parole, pour que je ne reste pas dans les émotions négatives, mais pour que je puisse être restaurée, pour que je puisse être consolée. Donc, il m'a amenée chaque fois vers sa parole, vers sa promesse, vers sa fidélité, vers, Jésus, qui a manifesté l'amour de Dieu inconditionnellement sur la croix. Et, pour moi, c'est ce qui m'a vraiment aidée à me sentir quand même libre, malgré la difficulté.

Angie: Je trouve que c'est tellement important ce que tu dis, parce qu'il y a des personnes qui viennent d'autres cultures, des cultures de honte, des cultures où on ne parle pas ouvertement de ce qu'on ressent, de nos souffrances, et des cultures communautaires où, peut-être, non, non, non, ce n'est pas comme ça que tu dois articuler tes sentiments, parce que devant le Seigneur, tu dois toujours avoir un bon visage, une bonne, perception de toi pour te présenter devant Dieu. Et tu donnes la permission à ceux qui nous écoutent de reconnaître que nous sommes tous libres de parler à Dieu sans frein. Ça ne veut pas dire qu'on doit l'insulter, qu'on doit lui manquer de respect. On doit venir avec crainte et tremblement, mais aussi avec la réalisation qu'il est un Père aimant, et de la même façon que je veux que mes filles viennent à moi quand elles sont fâchées ou quand elles sont frustrées ou quand elles ont peur ou quoi que ce soit, nous voulons que nous soyons tous en mesure de dire: « Oui Seigneur, je suis fâchée, je suis fâchée à cause de ma souffrance, mais je veux te soumettre tous ces sentiments. »

Donc, merci pour ton témoignage et la façon dont tu donnes cette perspective qu'il vaut mieux parler que supprimer et refouler tout ce que l'on ressent pour garder un visage joyeux, alors que c'est un mensonge finalement, n'est-ce pas? L'infertilité peut parfois être entourée de stigmates ou d'idées fausses. Comment as-tu répondu à ces idées fausses au sein de la communauté chrétienne? Et, deuxièmement, comment est-ce que les autres peuvent mieux soutenir les personnes confrontées à l'infertilité, que ce soit des femmes comme toi ou des maris aussi, car tu n'as pas vécu ça toute seule? Donc, ce sont deux questions, mais si tu peux nous aider à comprendre ton vécu dans ce sens-là.

Eun-Hae: Ok. Alors, il y a énormément de fausses croyances autour de l'infertilité, mais je ne vais pas toutes les aborder. Une des fausses croyances qu'on peut avoir, c’est que si je n'ai pas d'enfant en tant que femme, si je ne suis pas mariée ou si je n'ai pas d'enfant, cela veut dire que je vis ma féminité de façon partielle et incomplète. Je pense que c'est vraiment une fausse croyance. Et donc, comment ai-je répondu à ces idées fausses au sein de la communauté chrétienne?

Quand je vivais en Martinique, à travers cette période d'infertilité, j’ai quand même bénéficié d’un temps précieux au sein de la communauté chrétienne, parce que nous avons lancé une formation pour étudier différents aspects de la femme, sous forme de discussion et de partage, avec les Écritures, bien évidemment, avec la Parole de Dieu au centre. Un des aspects que nous avons traités ensemble était l’aspect de « dispensatrice de vie ». Nous, les femmes, sommes différentes des hommes. Les hommes ne peuvent pas accoucher ou donner naissance à un enfant, c'est un privilège qui nous est donné en tant que femmes. Cet aspect-là, nous l'avons exploré.

Maintenant, bien évidemment, il y a le sens biologique, mais nous, les femmes, par notre souci de prendre soin des autres, notre préoccupation d'encourager, de compatir, de sympathiser, d’accompagner, nous incarnons cet aspect de dispensatrices de vie. Je peux devenir une dispensatrice de vie en Jésus-Christ, en donnant naissance à des enfants spirituels, ou tout simplement en accompagnant d'autres femmes dans leurs difficultés. Tout cela entre dans cet aspect où nous communiquons la vie de Jésus. Pour moi, cela a été une belle réponse de la part de Dieu de partager cela au sein de la communauté chrétienne, pour que nous puissions cultiver la féminité de façon complète, biblique et épanouie, que je sois mariée ou non, que j’aie des enfants ou non.

C’était une réponse aux fausses croyances que l’on pouvait avoir par rapport à la féminité, et nous avons pu enseigner et former ensemble au sein de l'Église pour promouvoir une bonne masculinité et une bonne féminité selon la Bible. Bien évidemment, pour les hommes, c'est la même chose. La masculinité, c’est quoi? C’est diriger, protéger, transmettre des valeurs en tant qu’homme à un autre homme. Cela aussi, que tu aies des enfants ou non, tu peux le faire au sein de ton foyer, de la communauté chrétienne, de la société. Vraiment, aider les hommes et les femmes à vivre leur féminité et masculinité en dépit du fait qu'ils n'aient pas d'enfants, cela a été pour moi quelque chose d'extraordinaire que j'ai vécu au sein de la communauté chrétienne.

Angie: Merci. Et puis, est-ce qu'il y avait d'autres idées fausses? Ou est-ce que tu peux nous dire maintenant comment les autres pourraient mieux soutenir les personnes confrontées à l'infertilité?

Eun-Hae: Alors, avant de répondre à la deuxième question, il y a d'autres idées fausses. Bien évidemment, moi, j'avais une fausse croyance, comme quoi si Dieu donne des enfants, c'est parce que j'ai été fidèle à Dieu et il me bénit. Si je n'ai pas d'enfants, cela signifie que Dieu ne me bénit pas, que j'ai peut-être été infidèle quelque part, ce qui cultivait en moi une certaine culpabilité. C’est une des fausses croyances qu’on peut avoir, parce que si Dieu répondait selon notre fidélité, je pense que personne n’aurait d’enfants, car nous sommes infidèles par définition. C'est Dieu seul qui est fidèle. Avoir ce genre de culpabilité va au-delà de la culpabilité nécessaire, celle qui nous mène à la repentance pour ce que nous avons mal fait. Mais parfois, on se demande: « Peut-être ai-je péché contre Dieu, et c’est pour cela qu’il ne m’a pas bénie? » C’est aussi une fausse croyance contre laquelle j’ai dû lutter, en m’appuyant sur la promesse de Jésus qui dit: « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. »

Angie: C’est un peu comme l’inverse de l’Évangile de la prospérité, n'est-ce pas? « Si je suis fidèle, Dieu va me bénir, et donc, si je ne suis pas bénie, je dois être maudite. » Mais tu n'es pas maudite, ma sœur. C’est certain que tu as reconnu cela avec le temps, mais l’ennemi peut murmurer ce mensonge dans ton oreille, surtout si tu interprètes des versets hors contexte, à travers le filtre de ta souffrance. C’est tout à fait l’inverse en réalité.

Eun-Hae: Exactement. Pour répondre à ta deuxième question sur comment mieux soutenir les personnes qui rencontrent des difficultés de fertilité, il faut les encourager à vivre leur féminité pleinement, quoi qu’il arrive. Tu peux vivre ta féminité de façon épanouie, parce que tu as été créée en tant que femme à l’image de Dieu. Dieu ne s’est pas trompé en te créant femme. Il en va de même pour la masculinité. Pour mieux soutenir ces personnes, en tant qu'Église, en tant qu'ami ou en tant que chrétien, il est important de les aider à développer une vision saine de la féminité et de la masculinité. Il faut toujours garder en tête que ces personnes ne sont pas incomplètes en tant que femmes ou hommes. Les aider à vivre pleinement leur féminité et leur masculinité au sein de l’Église peut vraiment être une bonne idée.

Aurélie: Est-ce que tu pourrais nous parler... [Je ne sais pas si j'ose explorer une question qui n'est pas dans le script. Sinon, on peut la couper au montage, il n’y a pas de souci.] Je suppose qu'on a dû vous donner des conseils pour explorer d'autres pistes pour avoir des enfants. Par exemple, est-ce que la question de l'adoption a été abordée dans l'Église? Est-ce que c'est une question que vous avez dû traiter, vous, en tant que couple? Est-ce que tu pourrais nous en dire plus à ce sujet?

Eun-Hae: Oui, il n'y a aucun problème. Avant de parler de l’adoption, il y a quelque chose de difficile pour les couples qui vivent l’infertilité: parfois, on est envahi par toutes sortes d’opinions. Les gens arrivent avec de bonnes intentions, sincèrement désireux d’aider, mais parfois, on est tellement envahi que l'on peut se sentir vraiment perdu et dépassé.

Par exemple, il y avait des gens qui venaient me dire: « Au nom puissant de Jésus, tu auras des enfants », ou des gens qui disaient: « De toute manière, de nos jours, avoir des enfants, c'est tellement difficile. Ne cherchez pas à avoir des enfants, c'est un inconvénient. » D'autres m'ont dit: « Dieu a créé les médecins, alors pourquoi ne pas consulter le centre de PMA (procréation médicalement assistée)? » Et puis, il y avait ceux qui nous demandaient: « Mais pourquoi ne voulez-vous pas adopter des enfants? »

Mais, mes chers amis, adopter des enfants, ce n'est pas comme aller chercher une baguette chez le boulanger, d'accord? On a parfois l'impression que les gens abordent la question tellement à la légère, comme si adopter des enfants était une décision simple. Du coup, on est parfois choqués par la manière dont c'est présenté. C'est pourquoi il est vraiment important de trouver une conviction personnelle, de passer du temps avec Dieu et de demander: « Seigneur, qu'est-ce que toi, tu veux que je fasse? Quelle est ta volonté? Est-ce que tu veux que j'adopte? Est-ce que moi, je veux adopter un enfant? Quelles en seront les conséquences? » Pour un couple confronté à l'infertilité, il est essentiel de prendre ce temps d'intimité avec Dieu, pour ne pas agir en fonction des attentes des autres, mais plutôt selon nos propres convictions. C'est la première chose que je voulais souligner.

Ensuite, pour ce qui est de l'adoption, moi, j'y ai pensé tardivement, mais Jean-Élie voulait envisager cette option dès le début, même si nous avions des enfants biologiques. Il souhaitait avoir des enfants adoptés. J'avais peur, j'étais vraiment effrayée à cette idée. J'ai pris le temps de réfléchir. Quand j'ai finalement décidé, c'était parce que je voyais la beauté d'adopter des enfants. Même si je ne pouvais pas sauver tous les enfants du monde, je me disais qu'offrir une famille à un ou deux enfants serait une belle histoire d'amour. Tout comme Dieu nous a adoptés en tant qu'enfants de Dieu – nous ne sommes pas nés enfants de Dieu, mais avons été adoptés dans sa famille.

Lorsque j'ai eu cette vision, j'ai prié: « Seigneur, maintenant je me sens prête. Alors, si c'est ta volonté, ouvre les portes. » Sauf que Dieu n'a pas ouvert les portes. Quand nous avons envisagé l'adoption, un an avant la pandémie, nous avons envoyé le dossier. En France, et en Martinique en particulier, il faut une année pour qu'un dossier soit examiné. Mais au moment où ils ont examiné notre dossier, la pandémie est arrivée. Deux ans sont passés, et ils ont pris deux années supplémentaires pour nous répondre. Tout cela a retardé le processus. Et malheureusement, quand nous avons assisté à une réunion d'information, et que nous avons mentionné notre éventuel départ pour le Canada en tant que missionnaires, ils nous ont dit tout de suite que ce n'était même pas la peine de continuer, car cela prend entre cinq et sept ans.

Là, c'était vraiment Dieu qui me disait: « Tu as envisagé cette possibilité, mais c’est moi qui prends la décision. » Il a fallu que je me soumette à ce que Dieu avait décidé, même si j'étais déçue. Oui, j'étais déçue, mais j'avais pris le temps de réfléchir à cette option.

Aurélie: Merci de nous avoir partagé cela. Tu nous as déjà donné quelques conseils pour les personnes qui, dans l'Église, accompagnent et souhaitent soutenir celles confrontées à des difficultés au niveau de l'infertilité. Peux-tu nous dire ce que tu partagerais avec des femmes ou des couples qui traversent cette épreuve dans leur vie, et avec ceux qui doivent gérer toute la souffrance qui peut en découler? Qu'est-ce que toi, tu aurais aimé qu'on te dise, peut-être? Et en fait, à la fois en termes de combat de la foi, qu'est-ce qui peut encourager à persévérer avec Christ face à cette épreuve? Comment peut-on solliciter une aide concrète de la part de l'Église et présenter notre souffrance devant elle pour que cette forme d'injustice, que l'on peut parfois ressentir, soit portée ensemble, entre frères et sœurs?

Eun-Hae: Quelques conseils... Ce qui m'a le plus aidée pendant toute cette période de souffrance, c'est de me rendre compte et de prendre le temps pour cultiver mon identité, ma sécurité, mon importance et ma valeur en Christ. Cela peut sembler théorique ou évident, mais dans un monde qui nous dit qu'en tant que femme, nous n'avons pas de valeur si nous n'avons pas d'enfants ou si nous ne sommes pas mariées, c'est essentiel. Malheureusement, ce sentiment se retrouve même au sein de l'Église. Je crois que, il y a quelques semaines, une jeune femme m'a confié: « Tout le monde veut que je me marie, mais je me sens comme si je n'existais pas en tant que femme tant que je ne le suis pas. » Que ce soit dans nos têtes, dans la société ou même dans l'Église, nous pensons souvent que notre valeur réside dans le fait d'avoir des enfants ou non, d'avoir un bon travail ou non, d'avoir de l'argent ou non, ou d'obtenir l'approbation des autres. Nous situons souvent notre valeur dans des choses qui sont très instables.

Or, notre valeur n'est pas relative. Elle ne dépend pas de ce que nous avons, de ce que nous possédons, de notre performance ou de notre capacité à produire quelque chose. Ma valeur se situe réellement en Christ. Si nous avons mis notre confiance en Jésus-Christ, qui est mort sur la croix pour nos péchés, il nous a sauvés, il nous a rachetés, et nous sommes devenus des enfants de Dieu. Notre valeur se trouve en Christ, car c'est lui qui nous en donne. Donc, à ces couples qui souffrent de l'infertilité, je dirais: « Mes amis, vous avez votre valeur en Christ. Vous n'aurez pas plus ou moins de valeur parce que vous avez des enfants, ou quand vous en aurez. Par la grâce de Dieu, je vous souhaite d'avoir des enfants, mais ce n'est pas parce que vous en aurez que vous aurez plus de valeur. Vous avez déjà toute la valeur dont vous avez besoin en Christ. Sa sécurité est votre sécurité, sa justice est votre justice, sa perfection est votre perfection. Gardez cela à l'esprit, et quand vos émotions sont à la baisse, revenez-y toujours, car c'est cela qui vous aidera à vous relever et à être réellement libres. »

C'est ce qui m'a vraiment soutenue dans ma foi. Avant, ma foi était peut-être immature. J'ai été sauvée par grâce, évidemment, en mettant ma confiance en Jésus-Christ et en son sacrifice pour le pardon de mes péchés. Mais je croyais principalement en ce que Christ pouvait faire, en ce que Dieu était capable d'accomplir. Ce que Dieu a fait, c'est transformer ma foi: de croire en ce qu'il est capable de faire à croire en ce qu'il est, à sa personne. J'ai trouvé ma joie et mon épanouissement en tant que femme dans qui est Jésus, dans qui est Dieu pour moi. Cela a donné encore plus de sens à ma vie de croyante.

Donc, mes amis, cultivez ce temps d'intimité avec Dieu et mettez vraiment votre foi en qui est Jésus. Il est votre ami, votre Dieu fidèle, notre Sauveur.

Aurélie: Merci beaucoup d'être venue partager ton témoignage. Aurais-tu quelques ressources à nous recommander? As-tu lu des livres sur ce sujet qui te semblent pertinents à partager?

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Aurélie: On va le retrouver et le mettre en commentaire de la vidéo, pas de souci.

Eun-Hae: Oui, c'était vraiment un excellent livre pendant ma période d'infertilité. Il m'a aidée à considérer ma féminité pleinement. Ce qui est bien avec ce livre, c'est que pour chaque aspect, il y a une partie « création », c'est-à-dire ce que Dieu a voulu au départ, une partie « chute », qui explique comment notre péché a abîmé cet aspect, et enfin une partie « rédemption en Christ », qui montre comment, grâce à la résurrection, cet aspect peut être restauré pour que nous puissions le vivre pleinement en Christ. Je recommande donc vivement ce livre.

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Aurélie: OK, très bien. Nous mettrons les références de ces livres en descriptif, soit dans le lien YouTube, soit dans l'article que vous trouverez sur le site TPSG.

N'hésitez pas à commenter ce podcast. Si vous pensez qu'il peut être une source d'encouragement ou d'édification, n'hésitez pas non plus à le partager avec des frères ou des sœurs qui pourraient traverser des situations similaires. Cela pourra vous aider à être un peu plus juste et pertinent dans votre manière de leur témoigner l'amour du Seigneur et de les encourager à glorifier Dieu dans leur vie, à travers cette épreuve de l'infertilité.

Merci beaucoup, Eun-Hae, d'être venue partager ton histoire avec nous. Que Dieu te bénisse et t'encourage dans ton ministère et au sein de ta communauté.

Encore une fois, si vous souhaitez nous écrire, vous pouvez le faire à l'adresse suivante: chretienne@toutpoursagloire.com. En attendant, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne journée et une bonne semaine. Rendez-vous, si Dieu le veut, mardi prochain pour un nouvel épisode. Bonne semaine à vous, mesdames. Bonne semaine!